Guide pratique de l'étude des oiseaux : du jardin à l'observation professionnelle

L'étude des oiseaux est l'une des rares sciences encore largement pratiquée par des amateurs. Par exemple, la Royal Society for the Protection of Birds compte plus de deux millions d’adhérents au Royaume-Uni. Cette accessibilité exceptionnelle s'explique notamment par le fait que l'observation ornithologique nécessite peu de matériel pour débuter. En effet, l'ornithologie moderne englobe diverses pratiques, allant de l'observation récréative jusqu'à la recherche scientifique de haut niveau.

Cependant, les spécialistes professionnels des oiseaux demeurent peu nombreux dans la plupart des pays, s'appuyant souvent sur des réseaux d'observateurs passionnés. Pour ceux qui envisagent de travailler avec les oiseaux, plusieurs voies existent, que ce soit dans la recherche, la conservation ou l'éducation, avec des salaires débutant entre 1 800 et 2 500 € brut par mois en France. Une formation pour étudier les oiseaux requiert généralement un niveau d'études élevé, particulièrement pour les postes de recherche qui exigent jusqu'à un Bac+7. Ainsi, la science des oiseaux offre un parcours fascinant, depuis les premières observations dans son jardin jusqu'à la participation à des programmes essentiels de protection de la biodiversité.

Observer les oiseaux dans son jardin

Transformer son jardin en un poste d'observation ornithologique représente une excellente porte d'entrée dans l'étude des oiseaux. Cette pratique, accessible à tous, permet de développer progressivement ses connaissances tout en contribuant à la protection de la biodiversité locale.

Choisir les bons moments pour observer

Le timing est crucial pour maximiser les chances d'observer la richesse avifaunistique (faune des oiseaux) de son jardin. Le printemps est la période la plus propice, notamment en avril et mai, lorsque les oiseaux sont en pleine activité de nidification. Durant cette saison, les mâles chantent abondamment pour défendre leur territoire et attirer les femelles, facilitant grandement leur repérage.

Concernant les moments de la journée, privilégiez les premières heures du matin, période durant laquelle les oiseaux partent chercher leur nourriture et inspectent leur territoire. Un second pic d'activité se produit dans les heures précédant le crépuscule. En revanche, les journées venteuses ou pluvieuses réduisent considérablement l'activité des volatiles.

L'été permet quant à lui d'observer les jeunes oiseaux et d'assister au renouvellement des plumes chez de nombreuses espèces. Par ailleurs, même en hiver, l'observation reste intéressante, particulièrement lors du dernier week-end de janvier, propice pour recenser les oiseaux hivernants.

Installer des mangeoires et nichoirs

Pour attirer davantage d'oiseaux, l'installation de mangeoires et nichoirs s'avère particulièrement efficace. Les nichoirs doivent idéalement être posés dès le mois de novembre et non au printemps. En effet, certains oiseaux comme les mésanges recherchent très tôt un lieu de reproduction, tandis que d'autres, comme le Troglodyte mignon, s'y abriteront durant l'hiver.

Pour l'emplacement, privilégiez une hauteur comprise entre 2 et 5 mètres au-dessus du sol. L'orientation du trou d'envol doit être dirigée vers le Sud ou le Sud-Est, à l'abri des vents dominants. Concernant la fixation, évitez de clouer directement le nichoir sur l'arbre (sauf avec des clous en aluminium).

Quant aux mangeoires, elles doivent être solides, résistantes et étanches. Installez-les dans un endroit calme, loin des prédateurs comme les chats, et à une hauteur d'environ 1,5 à 2 mètres. N'oubliez pas de prévoir également un point d'eau peu profond (maximum 5 cm) pour permettre aux oiseaux de se désaltérer et de se baigner.

L'entretien régulier est essentiel : nettoyez les nichoirs une fois par an, idéalement en automne, et les mangeoires chaque semaine pour éviter la propagation de maladies.

Tenir un carnet d'observation

La tenue d'un carnet constitue une étape fondamentale dans l'étude des oiseaux. Cela permet non seulement de garder une trace de vos observations, mais également de contribuer à la science participative.

Un protocole simple consiste à prendre 10 minutes par semaine pour observer et compter les oiseaux qui se posent dans votre jardin. Pour chaque espèce, retenez le nombre maximal d'individus observés simultanément. Ces données peuvent ensuite être saisies sur des plateformes dédiées comme l'Observatoire des Oiseaux des Jardins.

Votre carnet peut inclure les lieux, dates, heures, conditions météorologiques, comportements observés et même des croquis qui faciliteront l'identification ultérieure des espèces. Cette démarche méthodique transformera progressivement votre simple curiosité en véritable compétence ornithologique.

Les outils essentiels pour débuter l’ornithologie

Pour progresser dans l'étude des oiseaux, l'acquisition de certains équipements s'avère déterminante. Bien que l'observation puisse débuter sans matériel spécifique, quelques outils faciliteront grandement l'identification et le suivi des espèces aviaires.

Jumelles et longues-vues

Les jumelles constituent l'outil fondamental de tout ornithologue. Pour débuter, privilégiez un modèle offrant un grossissement de 8x ou 10x avec un diamètre d'objectif de 42mm (notation 8x42 ou 10x42). Cette configuration équilibrée permet d'observer les oiseaux avec précision tout en maintenant un champ de vision suffisamment large.

Plusieurs critères méritent attention lors du choix de jumelles :

  • La luminosité (particulièrement importante pour l'observation en sous-bois)

  • La distance minimale de mise au point (idéalement inférieure à 3 mètres)

  • Le poids (préférez un modèle inférieur à 800g pour éviter la fatigue)

  • L'étanchéité (indispensable pour une utilisation par tous temps)

Le budget représente naturellement un facteur décisif. Les modèles d'entrée de gamme commencent autour de 100€, tandis que les jumelles de qualité professionnelle peuvent dépasser les 2000 euros. Pour un débutant sérieux, un investissement entre 250€ et 500€ offrira un excellent rapport qualité-prix.

Quant aux longues-vues, elles complètent avantageusement les jumelles pour l'observation à grande distance. Dotées d'un grossissement généralement compris entre 20x et 60x, elles nécessitent néanmoins l'utilisation d'un trépied pour stabiliser l'image. Cet équipement, plus onéreux (comptez minimum 800€ pour l'ensemble), s'adresse davantage aux ornithologues déjà confirmés.

Guides d'identification

Un bon guide d'identification constitue le compagnon indispensable de toute sortie ornithologique. Parmi les références francophones, le "Guide Ornitho" (Lars Svensson et al.) demeure incontournable avec ses illustrations détaillées et ses descriptions précises de plus de 900 espèces européennes.

D'autres ouvrages méritent également considération, notamment le "Guide des oiseaux de France et d'Europe" (Rob Hume) qui propose une approche par milieu particulièrement intuitive pour les débutants, ou encore le "Guide photographique des oiseaux d'Europe" (Paul Sterry) qui privilégie les photographies aux illustrations.

Par ailleurs, certains guides se concentrent sur des groupes spécifiques (rapaces, limicoles, etc.) ou des régions particulières, permettant d'approfondir ses connaissances. Pour commencer, préférez toutefois un guide généraliste couvrant l'ensemble des espèces susceptibles d'être rencontrées dans votre région.

Applications mobiles et enregistreurs sonores

La technologie enrichit considérablement les possibilités d'identification. De nombreuses applications transforment désormais votre smartphone en véritable outil ornithologique. Parmi les plus populaires, "Merlin Bird ID" développée par le Cornell Lab of Ornithology permet d'identifier visuellement les espèces grâce à l'intelligence artificielle, tandis que "BirdNET" se spécialise dans la reconnaissance des chants.

Ces applications offrent également des fonctionnalités complémentaires précieuses : cartes de répartition, descriptions détaillées, enregistrements sonores de référence et même possibilité de consigner ses observations directement sur le terrain.

Pour les passionnés souhaitant enregistrer les vocalisations aviaires, plusieurs options existent. Des enregistreurs numériques portatifs comme le Zoom H1n (environ 120€) fournissent une qualité audio nettement supérieure à celle d'un smartphone. Des modèles plus sophistiqués intègrent des microphones directionnels paraboliques permettant de capturer des sons distants avec une grande précision.

Enfin, n'oubliez pas les accessoires pratiques : carnet de terrain imperméable, crayon (plus fiable qu'un stylo par temps humide), vêtements aux couleurs neutres et chaussures confortables. L'ornithologie, au-delà des outils techniques, reste avant tout une activité de plein air exigeant patience et discrétion.

Se former à l’ornithologie : parcours et niveaux

L'apprentissage de l'ornithologie s'organise en plusieurs étapes, permettant à chacun de progresser à son rythme dans la connaissance des oiseaux. Que vous soyez novice curieux ou passionné souhaitant approfondir vos compétences, divers parcours de formation s'offrent à vous pour développer votre expertise.

Formations pour débutants

Pour les néophytes, de nombreuses associations naturalistes proposent des sorties d'initiation à l'étude des oiseaux. La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) organise régulièrement des ateliers d'une demi-journée où les participants apprennent à reconnaître les espèces communes. Ces formations de terrain, souvent proposées pour moins de 30€, constituent une excellente porte d'entrée.

Les centres permanents d'initiatives pour l'environnement (CPIE) offrent également des cycles d'introduction à l'ornithologie. Ces formations combinent généralement théorie en salle et pratique sur le terrain, avec des modules spécifiques sur l'identification visuelle, la reconnaissance des chants ou encore l'écologie des espèces.

Par ailleurs, certains parcs naturels régionaux développent des programmes d'initiation à la science des oiseaux pour le grand public. Ces sessions permettent d'acquérir les bases tout en découvrant la biodiversité locale.

Niveaux amateur et confirmé

Une fois les fondamentaux maîtrisés, plusieurs options s'offrent aux amateurs souhaitant approfondir leurs connaissances. Les associations spécialisées proposent des stages thématiques sur des groupes d'espèces particuliers (rapaces, limicoles, passereaux) ou des techniques spécifiques (baguage, recensement).

Le baguage représente notamment un excellent moyen de progression. Pour devenir bagueur, il faut suivre une formation de deux ans dispensée par le Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d'Oiseaux (CRBPO). Cette formation alterne théorie et pratique sous la supervision d'un bagueur expérimenté.

Les universités proposent également des formations continues en ornithologie, accessibles sans condition de diplôme préalable. Ces cursus, d'une durée de quelques jours à plusieurs semaines, délivrent souvent une attestation universitaire valorisable dans un parcours professionnel.

MOOC et formations en ligne

Le développement du numérique a considérablement enrichi l'offre de formation en ornithologie. Plusieurs MOOC (Massive Open Online Courses) permettent désormais d'apprendre à distance les fondamentaux de l'étude des oiseaux.

Le MOOC Ornithologie, développé par la LPO en partenariat avec le Muséum national d'Histoire naturelle, propose un parcours complet accessible gratuitement. Cette formation en ligne aborde l'anatomie, la physiologie, les comportements et l'écologie des oiseaux à travers vidéos, quiz et exercices pratiques.

D'autres plateformes comme Tela Botanica ou FUN (France Université Numérique) proposent régulièrement des cours en ligne sur des thématiques liées à l'ornithologie. Ces formations permettent une grande flexibilité d'apprentissage tout en bénéficiant de l'expertise de spécialistes reconnus.

Enfin, des webinaires plus spécialisés sont régulièrement organisés par des institutions scientifiques. Ces conférences en ligne permettent d'approfondir des sujets précis comme la migration, la conservation ou les techniques d'étude avancées. Elles constituent une ressource précieuse pour les ornithologues confirmés souhaitant se maintenir à jour des dernières avancées scientifiques dans ce domaine.

De l’amateur au spécialiste des oiseaux

La progression dans l'univers ornithologique requiert une immersion pratique sur le terrain. Après avoir acquis les bases techniques et théoriques, l'application concrète de ces connaissances marque véritablement le passage du simple amateur au véritable spécialiste des oiseaux.

Participer à des sorties ornithologiques

Les excursions en groupe constituent une étape fondamentale dans le perfectionnement ornithologique. Ces sorties, généralement organisées par des associations naturalistes, offrent l'opportunité d'apprendre auprès d'experts chevronnés. Leur encadrement permet non seulement d'affiner ses techniques d'identification, mais également de comprendre les subtilités comportementales difficilement perceptibles pour un œil novice.

Par ailleurs, ces rencontres favorisent l'échange de connaissances entre passionnés de différents niveaux. Les ornithologues expérimentés partagent volontiers leurs astuces d'observation tandis que les débutants apportent un regard neuf. Cette dynamique collective enrichit considérablement l'apprentissage et crée un réseau de contacts précieux pour développer sa pratique.

Contribuer à des programmes de sciences participatives

La science participative représente un formidable tremplin vers l'expertise ornithologique. En France, plusieurs programmes permettent aux amateurs de contribuer à la recherche scientifique tout en perfectionnant leurs compétences. Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), coordonné par le Muséum national d'Histoire naturelle, invite ainsi les observateurs à recenser régulièrement les oiseaux selon un protocole standardisé.

D'autres initiatives comme l'Observatoire des Oiseaux des Jardins ou Faune-France offrent des plateformes où chacun peut saisir ses observations. Ces données, une fois agrégées, fournissent aux chercheurs des informations précieuses sur les tendances démographiques et les phénomènes migratoires.

Cette collaboration entre amateurs et scientifiques professionnels s'avère mutuellement bénéfique : les chercheurs obtiennent une masse considérable de données tandis que les participants développent rigueur et méthode dans leurs observations.

Développer une expertise régionale

La spécialisation géographique constitue souvent une voie privilégiée vers l'expertise ornithologique. Connaître parfaitement l'avifaune d'une région spécifique permet d'appréhender finement les particularités locales : microhabitats, sous-espèces, variations dialectales des chants, etc.

Cette expertise territoriale s'acquiert progressivement par une fréquentation assidue des milieux naturels environnants. Tenir un carnet d'observation détaillé de sa région, noter systématiquement les premières arrivées printanières ou les derniers départs automnaux, et documenter les comportements inhabituels forge progressivement une connaissance unique et approfondie.

Cette spécialisation régionale est particulièrement valorisée dans les atlas ornithologiques départementaux ou régionaux qui constituent des références incontournables pour la conservation des espèces.

Travailler avec les oiseaux : métiers et débouchés

La passion pour les oiseaux peut se transformer en véritable carrière professionnelle. Plusieurs métiers permettent en effet de consacrer son quotidien à l'étude et à la protection de l'avifaune, chacun répondant à des vocations différentes et nécessitant des formations spécifiques.

Chercheur ou technicien en écologie

L'ornithologue professionnel étudie le comportement des oiseaux dans leur milieu naturel ou en captivité. Généralement spécialisé sur une famille d'espèces particulière, ce scientifique analyse l'évolution des populations et leur rôle au sein des écosystèmes. Son travail comprend notamment des comptages sur le terrain, l'élaboration de rapports détaillés et la participation à des programmes de conservation.

La formation requise varie selon les postes : un technicien peut débuter avec un Bac+2 (BTS Gestion Protection de la Nature), tandis que les postes de chercheur exigent généralement un Master (Bac+5) voire un Doctorat (Bac+8) pour intégrer des organismes comme le CNRS ou l'INRA. Le salaire d'un ornithologue débute autour de 2 000€ et peut atteindre 4 000€ brut mensuels pour un expert qualifié .

Animateur nature ou guide ornitho

Ce professionnel sensibilise le public à la protection des oiseaux et de leurs habitats. Par des sorties guidées, des ateliers pédagogiques et des conférences, il transmet sa connaissance à différents publics, des scolaires aux adultes passionnés.

L'animateur nature doit posséder d'excellentes qualités de communication, une solide culture naturaliste et une vraie capacité à vulgariser des concepts scientifiques. Il travaille principalement pour des associations environnementales, des collectivités territoriales ou des réserves naturelles, souvent sur des missions ponctuelles ou saisonnières.

Soigneur animalier ou vétérinaire

Le soigneur animalier spécialisé en ornithologie s'occupe quotidiennement d'oiseaux en captivité ou en réhabilitation. Ses missions incluent l'alimentation, le nettoyage des volières, les soins basiques et l'assistance du vétérinaire lors d'interventions plus complexes.

Ce métier, accessible avec un BTS Gestion et Protection de la Nature ou via une formation spécialisée en soins animaliers comme la formation de soigneur animalier proposée par Cours Animalia, demande une grande rigueur et d'excellentes capacités d'observation. Pour les oiseaux particulièrement, le soigneur doit développer un "coup d'œil" permettant de détecter rapidement les signes de maladie.

Quant au vétérinaire spécialisé en ornithologie, il traite les pathologies aviaires et peut intervenir dans des centres de sauvegarde de la faune sauvage ou des parcs zoologiques après un cursus de huit années d'études.

Conclusion

L’étude des oiseaux, accessible dès son jardin, peut évoluer vers une véritable spécialisation scientifique ou professionnelle. Elle offre une richesse d’expériences : contemplation, apprentissage rigoureux, contribution à la recherche, voire engagement dans un métier lié à la faune. Que l’on reste amateur éclairé ou que l’on aspire à une carrière dans l’ornithologie, chaque observation compte. Dans un contexte de déclin de la biodiversité, cette pratique incarne un lien concret entre passion individuelle et action collective en faveur du vivant.

 

 


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