Le métier d'éthologue : expert du comportement animal

Ethologue chimpanze

 

L'éthologue représente l'une des professions scientifiques les plus sélectives, avec seulement 23 étudiants acceptés sur 97 candidats en deuxième année de master à l'Université de Rennes. Cette sélectivité s'explique notamment par les perspectives attractives du métier, offrant des salaires pouvant atteindre jusqu'à 6 000 € brut mensuel pour les chercheurs expérimentés.

En effet, le métier d'éthologue ouvre des portes dans des domaines variés, notamment au sein des instituts de recherche comme le CNRS, des universités, des zoos et des centres de conservation. Ainsi, cette discipline scientifique, dont les fondements modernes remontent à Charles Darwin, continue d'évoluer et de gagner en importance dans notre société.

Ce guide complet présente les différents aspects de cette profession passionnante : les formations requises, les domaines d'application, le quotidien professionnel, ainsi que les perspectives d'évolution et de rémunération.

Qu'est-ce que le métier d'éthologue ?

Le concept d'éthologie tire son origine du grec "ethos" (mœurs, caractère) et "logos" (étude). Cette science étudie le comportement des espèces animales dans leur milieu naturel ou en captivité, à travers des méthodes d'observation et de quantification scientifiques.

Définition de l'éthologie

L'éthologie est la science qui étudie le comportement animal selon quatre aspects fondamentaux : sa fonction adaptative, ses mécanismes, son développement au cours de la vie d'un individu et son évolution au niveau phylogénétique, une branche de la génétique traitant des modifications génétiques au sein des espèces animales ou végétales.. Cette discipline combine des approches de laboratoire et de terrain, en lien étroit avec la zoologie et l'écologie comportementale.

Définition et rôle de l'éthologue

L'éthologue est un scientifique spécialiste du comportement animal. Il observe et étudie les comportements des animaux domestiques ou sauvages dans leur milieu naturel ou en captivité. Son travail consiste à analyser divers aspects de la vie animale comme l'organisation sociale, les techniques de chasse, les modes de communication et la reproduction des espèces.

Dans sa pratique quotidienne, l'éthologue peut mener des recherches documentaires, synthétiser des données, réaliser des expérimentations et partager son savoir via l'enseignement ou des conférences.

Histoire et évolution de l'éthologie

Le terme "éthologie" a été défini pour la première fois en 1854 par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, mais Charles Darwin est considéré comme le premier éthologue moderne. Les bases formelles de la discipline ont été posées à partir des années 1940 par Konrad Lorenz, Nikolaas Tinbergen et Karl von Frisch, récipiendaires du prix Nobel de physiologie ou médecine en 1973.

Importance croissante de l'éthologie dans notre société

Aujourd'hui, l'éthologie joue un rôle crucial dans de nombreux domaines. Elle contribue notamment au bien-être animal, à la conservation de la nature et à la protection des espèces vulnérables. Par ailleurs, la compréhension des comportements naturels des animaux améliore notre coexistence avec eux et permet de mieux comprendre certains comportements humains.

Différence entre les métiers d'éthologiste et comportementaliste animalier

L'éthologue, également appelé éthologiste,  adopte une approche scientifique et théorique, tandis que le comportementaliste animalier privilégie une démarche pratique visant à résoudre des problèmes comportementaux spécifiques. Le premier étudie le comportement animal à un niveau académique avec une formation scientifique poussée (niveau master minimum), alors que le second se concentre sur la modification du comportement par l'apprentissage, particulièrement chez les animaux domestiques.

Formation et parcours pour devenir éthologue

Pour accéder au métier d'éthologue, un parcours académique exigeant est nécessaire. Cette voie scientifique requiert rigueur, patience et plusieurs années d'études spécialisées.

Les études nécessaires après le bac

Le chemin vers l'éthologie commence idéalement par un baccalauréat scientifique, fondation essentielle pour les études supérieures dans ce domaine. Ensuite, deux orientations principales s'offrent aux futurs éthologues :

  • Une licence en biologie, particulièrement avec une spécialisation en biologie des organismes ou des populations

  • Une licence en psychologie, à condition d'avoir suivi des enseignements en éthologie, psychophysiologie, sciences cognitives ou neurosciences

Durant ce premier cycle universitaire, il est fortement recommandé d'effectuer des stages volontaires pendant les vacances d'été pour acquérir une expérience pratique et enrichir son dossier de candidature pour le master.

Les masters spécialisés en France

Le master constitue l'étape charnière de la formation. En France, plusieurs établissements proposent des formations spécialisées en éthologie :

  • Université de Rennes 1 : Master mention Éthologie, parcours Comportement animal et humain

  • Université Sorbonne Paris Nord (Paris 13) : Master mention Éthologie, avec parcours fondamental et appliqué

  • Université de Strasbourg : Master Écophysiologie, écologie et éthologie

  • Université Jean Monnet de Saint-Étienne : Master mention Éthologie, parcours éthologie, écologie, bioacoustique

  • Université Toulouse 3 : Master neurosciences, parcours éthologie et cognition comparées

L'admission en master est particulièrement sélective, avec par exemple seulement 23 places pour 97 candidats à l'Université de Rennes.

L'importance du doctorat et du post-doctorat

Pour les carrières dans la recherche ou l'enseignement supérieur, le parcours se poursuit avec :

  • Un doctorat (bac+8) en sciences de la vie, spécialité éthologie, d'une durée de trois ans

  • Un ou plusieurs post-doctorats, de préférence à l'étranger

Ces dernières étapes sont déterminantes pour accéder aux postes au CNRS ou dans les universités. Plusieurs dispositifs de financement existent, notamment les contrats doctoraux et les bourses internationales comme celles de la Fondation Fyssen pour les chercheurs post-doctoraux.

À noter que certaines formations continues sont également accessibles pour les professionnels en reconversion, comme le Diplôme Universitaire (DU) d'Éthologie de l'Université de Toulon.

Domaines d'application de l'éthologie

L'éthologie, en tant que science transversale, s'applique aujourd'hui dans de nombreux domaines cruciaux où la compréhension du comportement animal apporte des solutions concrètes à des enjeux sociétaux majeurs.

Le bien-être animal

L'éthologie joue un rôle fondamental dans l'amélioration du bien-être animal. Selon l'ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), le bien-être d'un animal est défini comme "l'état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes". Cette définition, adoptée en 2018, intègre désormais pleinement la notion d'état mental et de cognition animale.

En élevage, les éthologues étudient comment l'enrichissement du milieu de vie peut améliorer significativement les conditions des animaux. Par exemple, la mise à disposition d'objets à picoter chez les poules pondeuses réduit considérablement le picage (le fait d’arracher les plumes de leurs congénères), même en cage. Dans les parcs zoologiques, ils conçoivent des enrichissements adaptés à la biologie de chaque espèce pour stimuler l'activité naturelle et limiter les comportements stéréotypés.

Par ailleurs, les études éthologiques ont démontré que les bovins ayant suivi un processus d'enrichissement sensoriel sont moins imprévisibles face aux situations inconnues et plus dociles, améliorant ainsi la sécurité des éleveurs et la qualité des produits.

Conservation des espèces

Dans le domaine de la conservation, l'étude comportementale des espèces menacées constitue un levier essentiel. Pour exemple, l'observation du cheval de Przewalski à la station biologique de la Tour du Valat a permis d'optimiser sa réintroduction dans son habitat naturel.

De plus, l'éthologie permet d'étudier l'impact des prédateurs sur les écosystèmes, comme celui du loup sur les populations d'orignaux et de caribous au Canada. Ces connaissances sont cruciales pour élaborer des stratégies de conservation efficaces et durables.

Recherche scientifique

La recherche fondamentale en éthologie explore notamment les quatre questions de Tinbergen : la fonction d'un comportement, ses mécanismes, son développement et son évolution.

Les éthologues étudient ainsi la cognition animale, révélant par exemple que les chevaux peuvent apprendre à identifier les expressions faciales humaines de joie et de tristesse. Ils analysent également les capacités de raisonnement transitif chez les poules, démontrant leur aptitude à réaliser des inférences indirectes.

Enfin, leurs travaux sur la communication animale ont mis en évidence jusqu'à 32 vocalisations différentes chez les chimpanzés, organisées en cinq catégories principales, ainsi qu'un riche répertoire gestuel, témoignant de la complexité de leurs interactions sociales.

Le quotidien d'un éthologue professionnel

Le travail quotidien de l'éthologue s'articule autour d'activités variées, alliant terrain, analyse et communication scientifique. Cet expert du comportement animal partage son temps entre plusieurs missions complémentaires.

Observation et collecte de données sur le terrain

Sur le terrain, l'éthologue passe de nombreuses heures à observer méthodiquement les animaux dans leur environnement naturel ou en captivité. Cette observation peut prendre différentes formes :

  • L'échantillonnage ad libitum, c’est-à-dire que l'observateur note ce qu'il voit quand il le veut ou quand il le peut, est idéal pour découvrir les comportements ou étudier des comportements rares

  • L'échantillonnage focal (ou FOCUS), centré sur un sujet spécifique pendant une durée déterminée

  • L'échantillonnage instantané (ou SCAN), qui note le comportement de chaque animal à intervalles réguliers

Les technologies modernes enrichissent désormais ces méthodes traditionnelles. Les drones, par exemple, permettent de recueillir des informations précieuses sur les comportements et l'emplacement des animaux, tout en cartographiant leur environnement en 3D.

Analyse et interprétation des comportements

De retour au laboratoire, l'éthologue analyse les données recueillies à l'aide de logiciels spécialisés comme The Observer ou Boris. Cette phase comprend l'élaboration d'éthogrammes (catalogues détaillés des comportements), la quantification statistique et la recherche de tendances significatives.

Les professionnels s'attachent particulièrement à interpréter les comportements en identifiant leurs causes possibles : instincts, facteurs environnementaux ou apprentissage. Ils doivent également considérer les biais possibles dans leurs observations, notamment ceux liés à l'observateur.

Rédaction d'articles scientifiques et enseignement

La dernière partie du travail consiste à communiquer les résultats. L'éthologue rédige des articles scientifiques pour partager ses découvertes avec la communauté internationale. Ces publications sont essentielles pour valider les travaux et faire avancer la discipline.

Par ailleurs, beaucoup d'éthologues enseignent dans les universités ou organisent des conférences publiques. Entre 10% (en première année de master) et 24% (en deuxième année) des cours sont d'ailleurs assurés par des professionnels du secteur. Cette transmission du savoir constitue un aspect fondamental du métier, contribuant à la fois à la formation de la relève et à la sensibilisation du grand public.

Avantages et inconvénients du métier d'éthologue

Comme beaucoup de professions scientifiques, le métier d'éthologue présente un équilibre entre satisfactions professionnelles et défis quotidiens. Examinons ces deux facettes pour mieux comprendre cette carrière passionnante.

Avantages

Un des aspects les plus gratifiants du métier d'éthologue réside dans sa contribution significative à la science. Par ses recherches et observations, ce professionnel fait avancer la recherche scientifique, participe à une meilleure connaissance du bien-être animal et contribue à la préservation de la nature ainsi qu'à la protection des espèces menacées.

De plus, les opportunités de voyage constituent un attrait majeur. En effet, les études sur le comportement animal peuvent nécessiter des recherches sur le terrain dans différentes régions du monde, offrant ainsi des expériences enrichissantes.

En ce qui concerne la rémunération, elle représente un atout non négligeable, particulièrement pour les chercheurs expérimentés. Un éthologue ayant obtenu un doctorat peut percevoir jusqu'à 75 000 euros bruts annuels en fin de carrière, tandis qu'un débutant gagne environ 1 700 euros brut mensuel. Un chercheur confirmé au CNRS peut atteindre environ 6 000 euros mensuels.

Par ailleurs, la diversité des environnements de travail constitue un avantage certain. L'éthologue peut exercer tant sur le terrain qu'en laboratoire, ce qui apporte une variété stimulante à son quotidien professionnel.

Inconvénients

Cependant, la principale difficulté réside dans la longueur du parcours académique. Pour devenir éthologue, il faut généralement suivre des études pouvant aller jusqu'au doctorat (bac+8), ce qui représente un fort investissement   en temps et en énergie.

En outre, l'insertion professionnelle reste compliquée en raison du peu de postes disponibles. Il est difficile de trouver du travail en tant qu'éthologue car les créations de postes sont rares actuellement. Cette filière est particulièrement compétitive avec peu d'opportunités d'embauche permanente.

Enfin, les conditions de travail peuvent parfois s'avérer difficiles. Lors de l'observation d'animaux sauvages sur le terrain, l'éthologue peut se retrouver dans des environnements naturels peu hospitaliers ou faire face à des conditions météorologiques défavorables. Ses horaires de travail sont souvent irréguliers, compliquant l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Salaire et perspectives d'emploi

Quel est le salaire d’un éthologue ?

Le salaire d'un éthologue varie selon l'expérience et l'employeur. En début de carrière, un éthologue peut gagner environ 1 700 euros brut par mois, tandis qu'un chercheur expérimenté dans un grand institut peut atteindre 6 000 euros brut mensuels. Les salaires peuvent également varier en fonction des postes occupés, comme celui de maître de conférences ou de chargé de recherche.

 

L'importance croissante de l'éthologie dans notre société moderne

L'éthologie, autrefois confinée aux cercles académiques, trouve aujourd'hui des applications concrètes dans des domaines tels que l'agriculture, la santé, et la conservation de la biodiversité. En agriculture, elle améliore le bien-être animal et optimise les pratiques d'élevage. Dans la santé, elle éclaire les interactions homme-animal, notamment dans les thérapies assistées par les animaux.

Cette discipline influence également notre perception des animaux et leur intelligence, nous incitant à adopter des comportements plus respectueux envers les autres espèces. L'intégration croissante de l'éthologie dans notre société reflète une prise de conscience collective de l'importance de comprendre et de respecter le monde animal.

 

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